L'origine des beffrois remonte au Moyen Âge. À cette époque, les villes voient le jour grâce aux marchands qui installent des entrepôts. Ceux-ci deviennent vite des lieux de foires permanents qu'il faut protéger contre les attaques des pillards. Bien sûr, le châtelain est censé défendre les lieux, mais bien souvent, cela n'est guère efficace. Alors on creuse des fossés, on élève des remparts de fortune que complète une modeste construction de bois, en forme de tour carrée. Là-haut, on place un guetteur chargé de surveiller les alentours et de donner l'alerte en cas de danger. Les premiers beffrois sont donc bien fragiles, et pourtant, ils sont d'une grande utilité.

Le développement des villes et du pouvoir des marchands pousse ces derniers à s'affranchir de l'étroite tutelle féodale. Le seigneur possède château et donjon, qu'à cela ne tienne ! Ceux que l'on appelle désormais les " bourgeois " construisent des beffrois, donjons du peuple qui deviennent le symbole de leur indépendance et de leurs libertés. Plus question désormais d'obéir aveuglément au suzerain : ils veulent administrer leur ville eux-mêmes et former une commune. Rapidement, leur est accordé le droit d'avoir des échevins (juges élus par les membres de la commune qui font appliquer les lois acceptées par la communauté) et un maire dont le rôle est de gérer la commune. Ceux-ci font entourer la ville de solides remparts, l'équipe de milices et instaurent des impôts. Quant au beffroi, son organisation son organisation ne varie guère : la tour repose sur une cave surmontée d'une prison. À l'étage, une salle accueille les réunions du conseil municipal. De la bretèche, petit balcon placé sur la façade, se font les proclamations au peuple. Au-dessus, près de l'horloge est installée une loge pour le guetteur. C'est aussi dans le beffroi que sont conservées les richesses et l'artillerie communales. Tout cela ne va pas sans poser quelques problèmes au suzerain qui estime parfois que la commune outrepasse ses droits. Alors il décide de la punir. Comment ? En faisant enlever la cloche du beffroi, ou pis, en le détruisant. Ainsi en 1226, le beffroi de Cambrai est abattu par ordre de Henri roi des Romains, en punition d'une rébellion. La commune n'a donc de véritable existence que lorsqu'elle a un beffroi. Son importance diminuera quelque peu au fil des siècles, a mesure que l'indépendance de la commune déclinera. Pourtant, il reste davantage qu'un bel édifice et aujourd'hui encore, il est pour les Nordistes le symbole communal par excellence.