Lille

 

VILLE DE LILLE

 

Géographie

Lille [France] : région et département Nord 59 Chef-lieu de la Région Nord et préfecture du département du Nord, sur la Deûle, formant une conurbation avec Roubaix, Tourcoing et Villeneuve-d'Ascq ; la ville compte 182.230 habitants [estimation 1999] (Lillois) et son agglomération 774.280 habitants [estimation 1999]. La ville est le siège de Lille Métropole Communauté Urbaine qui compte 1.100.000 habitants pour un ensemble de 87 communes.

Economie

Comme les autres villes de la métropole qu'elle anime, Lille fut prise, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans un tourbillon économique et urbanistique. Elle est aujourd'hui le cœur d'une conurbation de plus d'1/2 million d'habitants, formée avec Roubaix, Tourcoing, Villeneuve-d'Ascq et une centaine d'autres communes reliées par un dense réseau autoroutier urbain.

Forte de sa longue tradition marchande, la métropole lilloise s'est imposée aujourd'hui dans deux domaines : la grande distribution et la vente par correspondance - secteur où elle se situe au premier rang européen - Elle dispose d'un potentiel économique de premier plan dans les domaines du textile (première place en France ; lin, jute, coton ; confection, bonneterie), mais aussi dans les domaines de l'agroalimentaire (sucreries, brasseries, biscuiteries, chocolateries, distilleries), de l'imprimerie et du graphisme (notamment électronique).

Une plaque tournante européenne

Après la mise en service du premier métro entièrement automatisé, le VAL[1] (Véhicule automatique léger), le TGV Eurostar (Paris Londres) est arrivé à Lille en 1994. Le TGV Thalys (Paris Bruxelles), mis en service l'année suivante, permet aujourd'hui de relier Amsterdam et Cologne. Lille, avec l'aménagement futuriste du triangle de ses gares, est ainsi devenue désormais une plaque tournante majeure sur le grand axe marchand de l'Europe de l'Ouest, reliant Londres à Milan : les trains à grande vitesse qui s'y croisent continuellement la mettent à 30 minutes de Bruxelles, à une heure de Paris et à deux heures de Londres.

Par ailleurs, Lille possède le troisième port fluvial de France (créé en 1948, il occupe aujourd'hui 300 hectares) avec un trafic de près de 6 millions de tonnes, en particulier à travers son terminal à conteneurs, qui assure des liaisons régulières avec Rotterdam, Anvers, Dunkerque et Le Havre, avec un trafic de 65 000 EVP (conteneur équivalents vingt pieds) ; enfin, la capacité de l'aéroport de Lille Lesquin doit atteindre plus de 5 millions de voyageurs en 2005.

Euralille

L'objet de cette société d'économie mixte est de développer un quartier d'affaires moderne par l'aménagement de la zone des gares : Lille Flandres (gare traditionnelle) et Lille Europe (interconnexion des lignes TGV reliant Lille à Paris, Bruxelles et Londres). L'ensemble compte 120 hectares, aménagés sous la direction de l'urbaniste néerlandais Rem Koolhaas, architecte de l'hôtel de ville de La Haye. Lille espère ainsi conforter sa position de grande place financière (troisième place de France, et neuvième place d'Europe pour les investissements).

Une vie culturelle intense

Métropole culturelle, Lille possède deux universités (d'État et catholique), des écoles techniques supérieures ; la métropole lilloise, siège d'un influent quotidien régional (la Voix du Nord, 410 000 exemplaires), connaît une activité artistique intense : Opéra de Lille, Orchestre national de Lille, théâtres, Ballets du Nord (Tourcoing), etc.

Histoire

Bien que les historiens nous disent qu’aucune trace de civilisation n’existe dans ce marécage jusqu’au Xème siècle ; Alexandre Dumas nous dit le contraire, puisque si l’on en croit la chronique, l’origine des comtes de Flandre remonterait à l’an 640. Il nous relate également la naissance de Lydéric vers la fin de l’an 628. Afin de venger la mort de son père, il devait combattre vers l’âge de 18 19 ans, le terrible Phinaert. Ils sont depuis lors devenus nos géants.

Nos amis Belges l’appellent « Rijsel », nous, nous l’avons appelé « Isla » en 1035 ; « Insula » en 1066 ; « Lisle » en 1242 ; « Lile » en 1267 et « Lille » en 1271.

Le nom de la cité vient du mot latin « Insula » désignant une île. Le site étant autrefois une terre émergée dans la Flandre humide. Au XIIème siècle, Lille est le siège de l'autorité du comte de Flandre, vassal du roi de France. Mais avec l'aide de troupes venues du Saint Empire romain germanique, d'Angleterre, de Bourgogne et du Hainaut, le comte défie Philippe Auguste jusqu'à la victoire des troupes royales à Bouvines (juillet 1214). Affaibli, le comté est successivement rattachée par alliances au comté de Bourgogne (1369) puis au domaine des Habsbourgs. Possession espagnole en 1477. Lorsqu'elle devint française par le traité d'Aix-la-Chapelle, en 1668, Lille (en flamand Rijsel) était une des plus importantes villes de Flandre, qui avait connu une brillante expansion économique à la fin du Moyen Âge et au début des Temps modernes. Née dans un site insulaire (d'où son nom d'Insula, devenu L'Isle), Lille doit sa fortune à ses activités commerciales et à son rôle de ville frontière.

On doit à un comte de Flandre, Baudoin V de Lille, le premier document authentique faisant mention de la ville : la charte de dotation de la collégiale Saint-Pierre (1066) : elle n'est alors qu'une petite bourgade féodale, entourée par les deux principaux bras de la Deûle, bâtie au pied du château du Buc, à l'emplacement actuel de la cathédrale Notre Dame de la Treille.

Les comtes de Flandre résident dans leur castrum, au Nord-Ouest d'une des îles de la Deûle ; l'ensemble formé par le castrum et la collégiale est entouré de fortifications.

La ville compte un deuxième centre, le forum, qui correspond à la Grand'Place et à la place du Théâtre actuelles. C'est le point de ralliement des négociants qui se déplacent de Champagne vers la Flandre et franchissent les marais de la Deûle, là où le passage est le plus aisé. L'axe qui, depuis le Xème siècle, relie les deux centres, forum et castrum, est matérialisé par une «grande chaussée», dont le nom s'est pérennisé dans l'actuelle rue Grande-Chaussée. Des fouilles récentes ont mis en évidence les traces de ce forum.

Au cours des premiers siècles de son histoire, la ville s'est développée le long de cet axe primordial orienté nord-sud. Ainsi, dès ses origines, Lille apparaît à la fois comme une ville fortifiée et comme une ville de commerce. Telle est la ville au Moyen Âge, telle elle restera sous l'Ancien Régime.

Lille, ville flamande

Ville drapante, ville commerçante, Lille est aussi une ville «flamande», au sens de ville des comtes de Flandre et, un temps, une des capitales de ce puissant comté, principauté féodale qui s'étend jusqu'aux bouches de l'Escaut et où l'on parle un dialecte flamand au nord et le picard au sud.

Cet honneur d'être une des capitales du comté de Flandre vaut à Lille plusieurs calamités militaires, à commencer par le siège de 1213, établi par les Français commandés par Philippe Auguste. C'est le premier d'une longue série de sièges (douze selon la tradition). En 1213, les Français prennent la ville, y installent une garnison puis l'incendient à l'occasion d'une révolte. Longtemps les Lillois se souviendront avec crainte des destructions de «l'ennemi franchois».

Après la bataille de Bouvines, en juillet 1214, et la capture du comte de Flandre par le roi de France, la Flandre est gouvernée par la comtesse Jeanne qui laisse, par ses travaux, un excellent souvenir : aménagement du cours de la Deûle, fondation de l'hôpital Saint-Sauveur et de l'hospice Comtesse, octroi à la ville de la charte de 1235 qui fixe les règles du gouvernement municipal de la cité jusqu'en 1789.

Lille, ville bourguignonne

En 1369, Marguerite de Flandre, dernière comtesse de Flandre, épouse en secondes noces Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, et frère du roi de France Charles V. Elle apporte en dot le comté de Flandre aux ducs de Bourgogne et Lille devient ainsi une ville «bourguignonne». C'est un temps de splendeur pour la ville, capitale - avec Dijon et Bruxelles - d'un État qui rivalise de puissance avec le royaume capétien. Philippe le Bon fait construire le palais Rihour dans «l'île Rihoult». Il tient en 1430 le premier chapitre de l'ordre de la Toison d'or en la collégiale Saint-Pierre ; vingt-quatre ans plus tard, le célèbre banquet du vœu du faisan se tient dans le palais ducal.

En 1477, Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, dernier duc de Bourgogne, épouse Maximilien de Habsbourg et lui apporte en dot le comté de Flandre et le duché de Bourgogne.

Ainsi deux mariages, à cent huit ans d'intervalle, ont présidé au sort de la Flandre et de la ville de Lille, et scellé la fidélité des Lillois aux Habsbourgs d'Autriche puis d'Espagne, successeurs légitimes des lointains comtes de Flandre. L'attachement au souverain légitime est une première explication des sentiments pro-espagnols des Lillois pendant les guerres de conquête menées par Louis XIV. Une autre cause de cette fidélité s'enracine dans la prospérité de la ville au bon temps des archiducs, Isabelle, fille du roi d'Espagne Philippe II, puis Albert, dans la première moitié du XVIIème siècle.

C'est durant cette période heureuse, désignée encore trop souvent sous le vocable erroné de «conquête espagnole», que furent édifiés de nombreux monuments toujours en place, tels que les portes de Roubaix et de Gand, et le chef d'œuvre de l'architecture lilloise, la Vieille Bourse de Julien Destrée. Cependant toutes ces constructions sont de style flamand : aucun bâtiment lillois n'appartient au style «espagnol».

Lille, ville française

Le 28 août 1667 marque un tournant important dans l'histoire de la ville : Louis XIV, après un siège de dix jours, entre dans la ville par la porte des Malades (actuelle porte de Paris), et reçoit du Magistrat de Lille («conseil municipal» de l'époque) les clefs de la cité. Un an plus tard, au traité d'Aix-la-Chapelle, Lille devient française au grand désespoir de ses habitants. Le tisserand de sayette Chavatte écrit dans son journal «on était bien triste parce qu'on restait au roi de France».

Louis XIV trouve la ville trop étroite, enfermée dans ses remparts. Prenant pour modèle le quartier du faubourg Saint-Germain à Paris, il ordonne l'édification d'un nouveau quartier autour de deux nouveaux axes, la rue Royale et la rue de Saint-André ; la construction de l'église de la Madeleine débute en 1675. Le roi manifeste son intérêt pour la ville en s'y rendant six fois durant son règne et en commandant à l'architecte local Simon Vollant la construction d'un arc de triomphe à sa gloire, la porte de Paris.

Le Roi Soleil confie également à Vauban la construction d'une nouvelle citadelle qui deviendra la «reine des citadelles». Ainsi fortifiée, Lille aura pour tâche de défendre les provinces nouvellement conquises contre l'envahisseur venu du Nord, entendons le Hollandais bien plus que l'Espagnol, passablement affaibli en ce XVIème siècle finissant.

Ainsi la fonction principale de la ville est modifiée par la conquête française : de centre économique, elle devient une place forte capitale du dispositif de la «frontière de fer». On imagine le désespoir du roi de France à la chute de la ville et de la citadelle en 1708, après le siège dirigé par le prince Eugène et le duc de Marlborough pendant la guerre de la Succession d'Espagne !

Mais cinq ans plus tard, au traité d'Utrecht, la ville redevient française, et cette fois-ci c'est dans l'allégresse que les Lillois fêtent le double retour de la paix et des Français. Il est vrai qu'ils avaient peu apprécié l'austère administration hollandaise - et calviniste - de 1708 à 1713. Tout au long du XVIIème siècle, Lille devient une grande ville du royaume de France et s'enrichit d'hôtels particuliers construits dans le «goût français». Bourgeois éminents, membres du Magistrat, aristocrates et intendants royaux participent tous par leurs commandes à cet essor urbain et architectural. En 1792, lors d'un nouveau siège, les Lillois répondront aux Autrichiens, par la bouche de leur maire André : «Nous venons de renouveler notre serment d'être fidèles à la Nation, de maintenir la liberté et l'égalité ou de mourir à notre poste ; nous ne serons pas des parjures.» Trente mille boulets chauffés au rouge s'abattirent alors sur la ville, détruisant de nombreuses maisons, mais la défense héroïque des Lillois obligea l'adversaire à lever le siège. Un décret de la Convention nationale, le 12 octobre, saluera ce courage en déclarant que Lille «a bien mérité de la patrie».

Si Lille se montre aussi francophile à la fin du XVIIIème siècle, c'est aussi parce que la prospérité est de retour. Malgré la concurrence montante de Roubaix et de Tourcoing, la ville se développe durant ce siècle. Etant devenue l’une des principales places fortes des Flandres, elle n’en subira pas moins de onze sièges en moins de deux siècles.

Lille, ville industrielle

Le XIXème siècle et la première moitié du siècle suivant constituent la période la plus sombre de son histoire. Certes, les luttes ouvrières ne débouchent pas sur des massacres ou des fusillades comme à Lyon ou à Fourmies, mais les conditions de travail et d'existence éprouvent durement la classe ouvrière naissante : sous le Second Empire, le taux de mortalité infantile dans le quartier ouvrier de Saint-Sauveur atteint 250 %, soit le niveau de mortalité au temps de Louis XIV dans les campagnes françaises.

Néanmoins, cette image de Lille, ville ouvrière et industrielle, ville où l'on meurt dans les caves sous les «voûtes de pierre», comme l'écrivait Victor Hugo, n'est acceptable que pour le XIXème siècle. Le XXème siècle, et plus particulièrement les années postérieures à 1960, ont fait un sort à ce cliché de la noire révolution industrielle, dont les derniers échos ne servent plus aujourd'hui qu'à nourrir la «chronique de l'anti-Nord» d'un quotidien lillois.

Comme la toute proche ville de Roubaix, Lille fut aussi une cité du socialisme, celle où on chanta pour la première fois l'Internationale en 1888 sur une musique de Pierre Degeyter, à la fête des Travailleurs de Lille ; celle dont le maire socialiste Roger Salengro devient en 1936 ministre de l'Intérieur du premier gouvernement socialiste français ; celle dont le maire actuel, Pierre Mauroy, devint Premier ministre de l'Union de la gauche en 1981.

Le XIXème siècle et la première moitié du XXème sont davantage assombris par les guerres et les sièges que par la révolution industrielle. Si la ville fut relativement épargnée par les guerres de l'Empire et la guerre de 1870 (Faidherbe y organisa l'armée qui combattit à Bapaume et à Saint-Quentin), les deux guerres mondiales demeurent synonymes de deux occupations étrangères de près de cinq ans chacune, de sièges, de bombardements, d'exécution d'otages ainsi que d'actes d'héroïsme.

LILLE 2004 - Capitale Européenne de la Culture

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[1] VAL (Véhicule Automatique Léger) Créé par le professeur « Robert Gabillard », c’est un Métro entièrement automatique qui relie depuis peu les villes de Lille, Roubaix, Tourcoing, jusque Lomme. Pour la fin de l’année 2000, le pari sera tenu de relier les Centres Hospitaliers de la Métropole avec le VAL. Appelé à l’origine de sa création « Villeneuve d’Ascq à Lille » lors de son démarrage le 25 avril 1983 en présence de M. François Mitterrand (Président de la République) et de M. Pierre Mauroy (Sénateur Maire de Lille), ce système de transport est le plus long du monde avec 2 lignes et 45 km pour 58 stations (18 L1 et 39 L2). Il s’exporte vers des villes françaises comme (Paris ou Lyon) mais également des pays étrangers l’ont adopté.      Retour au texte