Personnages célèbres "Jean Masurel"

Jean Masurel

La passion de l'art

Un personnage du Nord est à l'origine du moderne de Villeneuve-dAscq : Jean Masurel.

La création est un acte solitaire. L'artiste travaille seul pendant des jours, des semaines, des mois sur une œuvre qui demeurera unique. En même temps, toutes les œuvres se nourrissent de près ou de loin aux créations antérieures, l'ensemble formant une immense chaîne artistique, à travers les temps, les courants et les modes.

Pour atteindre le public, les œuvres ont besoin d'intermédiaires dont la tâche est de diffuser l'art dans le public, ainsi que de le former : ce sont les marchands, les galeristes, les spécialistes en tout genre dont le métier est d'acheter l'art, de le collectionner, d'instruire les amateurs...

Né à Roubaix en 1908, Jean Masurel est le fils de négociants en laine. Il monte à Paris en 1923 pour préparer son baccalauréat, et loge chez son oncle, Roger Dutilleul (photo ci-contre), lui-même collectionneur et dont l'appartement est littéralement encombré de tableaux. Très vite l'oncle transmet à son neveu son amour de l'art. C'est une commune sensibilité qui permet aux deux hommes de s'adonner à la grande occupation de leurs vies : le soutien aux artistes d'avant-garde et la collection de tableaux. Roger Dutilleul est alors un des rares collectionneurs français de ces peintres d'avant-garde, défricheurs de courants que l'on nommera ensuite fauvisme, cubisme, école de Farts... les Derain, Rouault, Van Dongen, Braque, Picasso, Modigliani... excusez du peu !

A l'époque de leur production artistique, ces artistes ne jouissent d'aucune reconnaissance de la part de l'establishment. Ils écoulent leurs œuvres auprès de quelques marchands qui les encouragent et les font connaître aux mécènes ainsi qu'au public.

Roger Dutilleul forme lui-même son goût auprès du marchand Daniel-Henry Kahnweiler, l'un des premiers à soutenir ces artistes qui bousculent la peinture en ce début du XXe siècle.

Très vite, Jean Masurel acquiert un jugement très sûr au diapason de celui de son maître et oncle parisien. Il achète à la veille de la guerre le célèbrissime "Homme nu assis" de Picasso, il cueille des gouaches de Klee et de Kandinsky dans les cartons, comme on le fait aujourd'hui pour les lithographies... Il apporte un soutien particulier à des artistes du Nord, Eugène Dodeigne, Eugène Leroy ou Arthur Van Hecke, qui le rencontre en 1946 : " Sur le plan matériel, Jean Masurel a changé le cours de ma vie. Grâce à lui et à Roger Dutilleul, j'ai vraiment découvert la peinture du XXe siècle dont j'ignorais à peu près tout jusque là. Et bientôt j'ai pu voir mes œuvres accrochées au mur, à côté de celles de Braque et Picasso. C'était extraordinaire bien sûr, mais ça plaçait tout de suite la barre très haut ! car ça montrait le chemin à parcourir ".

Avec sa femme Geneviève, les Masurel complètent et enrichissent la collection de Dutilleul dont ils deviennent légataires en 1956. Cette collection, ensemble d'œuvres représentatives de tous les courants de la peinture française contemporaine, va ensuite trouver son musée dans notre département, comme Jean Masurel en a exprimé le souhait dès 1974. Il déclare à cette occasion qu'il désire céder sa collection - plus de 200 peintures, dessins, gravures et sculptures - à une collectivité territoriale du Nord de la France, à charge pour elle de bâtir le bâtiment qui les présentera au public. Jean Masurel déclare que le futur musée devra abriter la donation, organiser des expositions temporaires, poursuivre les achats d'œuvres contemporaines. Il souhaite également que le musée soit édifié dans un environnement paysager et qu'il s'ouvre très largement à la jeunesse.

C'est la Communauté urbaine de Lille qui répond à l'offre des Masurel, en 1976. Le musée d'art moderne de Villeneuve-d'Ascq voit le jour en 1983. Lors de son inauguration, Jack Lang, alors ministre de la culture, remet à Jean Masurel la cravate de commandeur des Arts et des Lettres, un titre qui récompense une vie au service de l'art et du public, dont le musée de Villeneuve-d'Ascq est le plus. beau témoin. Jean Masurel s'éteint huit ans plus tard. Son nom restera attaché au musée de Villeneuve-d'Ascq, la plus belle œuvre d'un homme de l'art... et homme du Nord.

Sources : journal "Le Nord" du CGN

 

    

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