LA VILLE DE DOUAI |
Géographie
Douai [France]
chef-lieu darrondissement du Nord, sur la Scarpe ;
44195 habitants (environ 199600 habitants dans lagglomération).
Situé en plein cur de l'Europe du Nord (dans le bassin
houiller du Nord), Douai bénéficie d'une situation géographique
privilégiée. Entourée de Lille, Valenciennes, Cambrai, Arras,
Lens, elle est le centre de voies de communication variées (autoroutes,
aéroport de Lesquin, T.G.V. ...)
Economie
Les années 1960 sont celles de la
reconversion avec la fermeture progressive des puits de mines. La
ville devient un centre industriel important : construction
automobile, carbochimie et imprimeries.
Les voies
navigables restent importantes. Douai possède un port fluvial au
point de jonction de deux canaux : celui du Nord et celui de
Dunkerque à Valenciennes.
Histoire
Les origines de
Douai remontent au VIIe siècle à l'époque mérovingienne.
Le petit village, baptisée Duacum et située sur une butte
argileuse encadrée par deux ruisseaux (actuel quartier Saint Amé)
sur les rives de la Scarpe, est un lieu de passage obligé dans
cette région de forêts et de marécages. La première mention
de Douai remonte à 930. La Scarpe étant navigable, elle
relie la ville l'Escaut et à la Flandre. La ville possède le
plus ancien géant de notre région avec « Gayant »
créé en 1530, Il est casqué et habillé en costume féodal, il
rappellerait, selon la légende, le souvenir de Jean Gélon qui délivra
à la ville assiégée par les Normands en 881. Haut de 8,50 m et
lourd de 370 kg, il réclame douze porteurs. Depuis, les
douaisiens ayant lesprit de famille, ils lui ont donné une
épouse « Marie Gagenon » et trois enfants « Jacquot,
Mademoiselle Fillon et Binbin ». Vous pourrez les voir évoluer
chaque début de juillet et ce pendant trois jours.
Premier
essor proto-urbain (fin IXe - milieu Xe
siècle)
Le
berceau de la cité est densément occupé par des bâtiments de
bois.
Au
Xe siècle, pendant la période qui suit la
dislocation de l'empire carolingien, le Comte de Flandre
construit sa résidence et est à l'origine de la capture d'une
rivière qui rend la Scarpe navigable à partir du site.
C'est
l'acte fondateur de la ville et de son essor économique (installation
de nombreux moulins). Le Castrum Duacum, qui renferme la vieille
tour du châtelain et la neuve tour comtale, connaît une première
enceinte à la fin du Xe siècle.
Douayeul
Avec
la navigation, un nouveau quartier apparaît au nord sur la rive
gauche de la Scarpe (Petite Place actuelle). Il comporte des
brasseries, des tavernes et des terres cultivées en céréales.
Le
Castel-Bourgeois
Il
se développe sur la rive droite de la rivière. C'est le
quartier marchand en opposition avec le castrum militaire et
religieux et avec Douayeul, quartier plutôt rural.
Douai
au moyen-âge : ville drapante et céréalière
La
draperie douaisienne, très florissante au XIIe siècle
est réputée dans toute l'Europe et largement exportée. Le
commerce du grain occupe également une place prépondérante
dans l'économie de la ville. Le blé, l'orge, le seigle
proviennent de toute la campagne pour être vendus sur le marché
chaque jour. C'est une source d'enrichissement pour la ville qui
perçoit des taxes. Le transport se fait par voie d'eau. Douai
est le port navigable le plus haut sur la Scarpe et c'est à
partir du pont "à le Laigne", actuel pont de la
Massue, que débute toute la navigation vers l'Escaut et la mer
du Nord.
A
cette époque, toute une organisation politique se met en place.
Les échevins, représentants de la population, dirigent la ville.
Ils sont nommés pour 13 mois (non renouvelables) et forment le
Magistrat. Celui-ci siège dans la " halle " au cur
de la cité (actuel Hôtel de Ville). Ils obtiennent du comte
Philippe d'Alsace leur 1ère Charte Communale (avant
1188) qui leur donne le pouvoir de rendre la justice, de légiférer,
de veiller à la défense de la ville. Ce système échevinal
reste pratiquement inchangé jusqu'à la Révolution de 1789.
Douai
ville flamande.
Renommée
par son industrie textile au Moyen-âge, Douai devint ville
universitaire en 1560.
Le
reste de la ville est une cité médiévale avec des rues étroites,
des maisons basses (en torchis ou pailleuses) et à pignons
pointus. Quelques beaux hôtels particuliers de la Renaissance se
mélangent à ces habitations plus modestes : par exemple, l'Hôtel
de la Tramerie, construit en 1649, reste un témoin du baroque
flamand. Style lisible notamment avec encadrement à ressauts de
ses fenêtres géminées. Son soubassement est en grès et sa
toiture en ardoise, privilèges des demeures cossues.
Un
certain nombre de maisons particulières, héritées du Moyen
Age, sont encore à pans de bois. Il reste un exemple de ce type
d'habitat avec la maison placée à l'angle de la rue des Huit-Prêtres
et de la rue du Clocher Saint-Pierre. L'étage et la toiture y
sont en surplomb par rapport au rez-de-chaussée et la façade présente
un pignon triangulaire. Le grès, la pierre blanche et la brique
vont se généraliser. Les toitures en tuiles se répandent.
C'est surtout leur forme qui est caractéristique. En effet, pour
les plus anciennes, le faîtage du toit est perpendiculaire à la
rue. Les toitures sont séparées entre elles par un chêneau qui
reçoit la pluie rendant les constructions vulnérables aux dégâts
des eaux et aux incendies. Un nouveau type de couverture parallèle
à la rue, à forte pente et avec de solides cloisons mitoyennes
formant " coupe-feu " apparaît dans les quartiers plus
récents et va, au XVIIIe siècle s'étendre à toute
la ville.
Douai
au XVIe siècle
Héritier
des ducs de Bourgogne, Charles Quint reçoit en héritage le comté
de Flandre au début du XVIe siècle. Il réprime avec
vigueur la doctrine de Luther. A Douai, les premiers signes d'hérésie
sont aussitôt réprimés.
Pour
lutter contre la Réforme, les échevins présentent une requête
à l'Empereur pour créer une université à Douai.
Son
fils, Philippe II roi d'Espagne, décide sa création avec le
consentement de la papauté. Elle est inaugurée en 1562 et doit
" servir d'exemple à toute la chrétienté ".
L'université
attire de nombreux étudiants venus de tous les Pays-Bas et aussi
de l'Angleterre. De nombreux collèges et séminaires sont fondés
en particulier les collèges d'Anchin et des Anglais.
En
1714 le Parlement de Flandre sy installe. Elle sera annexée
à la France en 1667.
En
1579, c'est la rupture entre les Pays-Bas catholiques et les
Provinces Unies. Douai reste un bastion catholique important.
Douai,
ville française au XVIIe et XVIIe
siècle
A
la mort de Philippe IV d'Espagne, Louis XIV réclame les droits
de son épouse Marie-Thérèse. En mai 1667, il décide de conquérir
la Flandre. Douai est assiégée le 2 juillet et capitule le 6
juillet 1667. Louis XIV entre solennellement dans la ville le 8
juillet par la porte de Valenciennes. Par le traité d'Aix-la-Chapelle
(1668), Douai est définitivement rattachée au royaume de France.
La ville devient une place militaire d'importance sur la frontière
nord. Des casernes sont construites, les fortifications sont améliorées
par Vauban, l'Arsenal et la Fonderie de canons sont créés.
Le
Parlement de Flandre, cour de justice, s'installe à Douai en
1714 dans les locaux du refuge de l'Abbaye de Marchiennes. Les
parlementaires se logent en construisant de beaux hôtels à la
française. Avec les échevins, ils réglementent l'urbanisme dès
1718 et Douai perd son aspect médiéval.
Douai
en 1789 (La Révolution française)
Les
changements politiques et la guerre amènent de graves
perturbations à Douai. L'échevinage est remplacé par la
commune créée en décembre 1789. Les trois ordres élisent à
Douai leurs députés (noblesse, clergé, tiers-état). La
confiscation des biens du clergé revêt une ampleur particulière
à Douai compte tenu de leur importance. Les couvents sont fermés,
leurs occupants expulsés. La vie spirituelle s'éteint.
L'Université est supprimée en 1793 ainsi que le Parlement.
Douai est toutefois retenue comme chef-lieu du département du
Nord en 1790.
Le
XIXe siècle : une industrialisation
tardive
Douai
reste ville judiciaire : la Cour d'Appel a pris naturellement la
place du Parlement de Flandre en 1804.
Si
la vie intellectuelle et artistique est intense (Constant
Dutilleux, Théophile Bra, Marceline Desbordes-Valmore),
l'activité industrielle est très réduite jusqu'au Second
Empire.
La
voie ferrée Paris-Lille, inaugurée en 1846, permet à la ville
de devenir un nud ferroviaire important et l'exploitation
du charbon dans les hameaux de Dorignies et Frais-Marais permet
un certain renouveau.
En
1887, l'université est transférée à Lille malgré la résistance
acharnée du Conseil Municipal. Le démantèlement des
fortifications est décidé en 1891. Une ceinture de boulevards
est réalisée à l'emplacement de la muraille et deux jardins
publics sont créés. De nombreuses rues sont tracées. Au nord,
les terrains libérés sont vendus à différents industriels (Cail,
Arbel, Bréguet) pour permettre l'installation de nouvelles
usines. Des voies de chemin de fer relient ces dernières à la
gare.
Le
canal de dérivation de la Scarpe est ouvert à la navigation en
1895, confortant la vocation de la ville comme grand centre de
batellerie. La fonderie de canons, l'arsenal et les régiments préservent
la fonction militaire.
La
ville a réussi sa 1ère révolution industrielle et
cet élan est stoppé net par la guerre.
Les
deux conflits mondiaux marquent durablement la ville et lobligent
à des reconstructions. Douai devient capitale du bassin minier
et la récession implique une nouvelle mutation.
Douai
développe aujourdhui ses pôles industriel, judiciaire et
universitaire.
Douai
aujourd'hui
En
1976, la ville adhère au contrat de Ville Moyenne proposé par
l'Etat. Les paysages centraux, la place d'Armes et les berges de
la Scarpe sont embellis.
Les
friches industrielles sont reconquises : la "Fonderie"
au cur de la ville se transforme en espace vert et foyer du
3ème âge et l'Arsenal devient un centre tertiaire accueillant
le Trade Center, l'Agence de l'Eau, l'Hôtel de Police...
Les
hameaux Dorignies et Frais-Marais sont restructurés et rénovés.
Le parc Fenain, un espace vert de 16 hectares, apparaît au nord-ouest
de la ville.
A
proximité, la réserve naturelle de Douai-Flers est créée en
1995. Mosaïque de milieux naturels autour de la rivière
Escrebieux, elle couvre 20 ha et abrite 23 % des espèces
nicheuses d'oiseaux présentes dans la région.
Douai
renoue également avec son passé universitaire : la Faculté de
Droit de l'Université d'Artois est inaugurée en 1996.
La
fonction judiciaire est confortée par l'installation de la Cour
Administrative d'Appel dans l'Hôtel d'Aoust en 1999.
De
nouveau lieux de vie émergent également : un grand complexe cinématographique
à proximité du musée, un bowling, une halle d'exposition (Gayant
Expo) à l'entrée nord de la ville, permettent toutes sortes de
manifestations (salons, concerts...)
Au
début du XXIe siècle, Douai, à proximité des
grands centres, occupe une place originale dans l'ancien bassin
minier et sa région, et permet une qualité de vie à laquelle
tiennent ses habitants.
Visite
On peut y voir le beffroi du XIVe
et XVe siècle disposant du plus important carillon dEurope
avec 62 cloches, lHôtel-de-ville (XVe siècle,
moitié gauche : 1860), lÉvêché (1559-1790), l'ancienne
cathédrale gothique (XIIIe-XVe siècle),
la basilique Notre-Dame (XIIe, XIVe et XVIe,
très endommagée en 1944), l'église Saint-Denis (XIIIe-XVe
siècle), les ruines de labbaye Saint Bertin et le tombeaux
de saint Omer et d'Eustache de Croÿ. Vous pourrez visiter également
le musée Henri Dupuis et celui de l'Hôtel Sandelin (histoire
locale, céramique, orfèvrerie et peintures). Sans oublier le
jardin public qui longe les remparts Vauban.