Personnages célèbres "Wenceslas COBERGHER"

WENCESLAS COBERGHER

Un touche-à-tout de génie au XVIIème siècle

Ingénieur, peintre, architecte : Wencesias Cobergher était un personnage aux talents multiples. On lui doit notamment l'assèchement des Moeres, jusque-là zone marécageuse.

La commune des Moëres, en Flandre maritime, a un héros : Wenceslas Cobergher. Ce peintre-ingénieur-architecte a rendu un estimé service aux habitants du lieu, ceux de l'époque et les suivants. De 1619 à 1625, ce Flamand, natif d'Anvers, a réalisé l'assèchement et l'assainissement des Moëres, deux lacs près de Dunkerque qui rendaient l'atmosphère de cet endroit particulièrement malsaine.

Ces étendues d'eau, situées à 2,5 mètres en dessous du niveau de la mer, n'avaient jamais pu être asséchées par le travail des hommes. Cobergher, qui connaissait bien les questions du transport des eaux, proposa de rendre ces marécages salubres et fertiles.

Cobergher a d'abord entouré les Moëres d'une digue de 32 km de longueur, relié ensuite les deux lacs par un canal. Puis il a élargi un canal d'écoulement vers la mer et en a créé deux autres.

" Ayant assuré ainsi d'importantes possibilités d'écoulement, il creusa à l'extérieur de sa digue un canal circulaire, le Ringslot ou "anneau d'eau", dont le fond était plus élevé que les Moëres, et plus haut que le niveau des basses marées. Ses eaux pouvaient donc s'écouler naturellement vers la mer. Il installa 23 puissants moulins près de sa digue. Au moyen de vis sans fin en chêne, ils puisaient l'eau dans les Moëres, et les rejetaient dans le Ringslat. "Leon moreel, « Wenceslas Cobergher / un génie oublié de la renaissance », Paris, les Editions internationales, 1952 Ces eaux rejoignaient ensuite la mer. L'œuvre de Cobergher fut une réussite complète, les Moëres Si longtemps hostiles se muèrent en pâturages, et se peuplèrent rapidement. Evidemment, cette belle réalisation fut mise à mal plusieurs fois jusqu'à nos jours, pour faits de guerre principalement. Aujourd'hui, aux Moëres, les stations de pompage ont remplacé les moulins. Le système a été perfectionné sur la base des infrastructures de Cobergher.

Quand ce touche-à-tout de génie naît, vers 1557, l'ambiance n'est pas des plus calmes dans les pays de " par-deçà ", la Belgique actuelle et une grande partie du Nord de la France. Aux Pays-Bas, en rébellion contre le pouvoir espagnol depuis le mois d'août 1566, des bûchers s'élèvent et des villes brûlent ; des régions entières, dévastées, n'offrent plus d'abri sûr qu'aux bandes de loups... Trop de bruit et de fureur pour le jeune Wenceslas, déjà féru de connaissances médicales, mathématiques et architecturales quand il décide de faire le voyage de l'Italie. Pour ce faire, il emprunte à un ami 130 florins carolus qui lui permettent de rejoindre Paris, puis Naples et enfin Roma, la " tutta bella Rama ", où il plonge dans les délices architecturaux de la Renaissance. Il tombera en admiration devant le dôme de St-Pierre, et le plafond de la chapelle Sixtine, peint par Michel-Ange.

Dans la capitale italienne, Cabergher acquiert rapidement une solide réputation de peintre, ingénieur, architecte. Ses talents sont employés à l'édification de palais, de châteaux. À Rame toujours, Cabergher le Flamand - qui signe " il signor Vicenso " -, se marie avec une native de Bruxelles, Suzanne Francquart, qui lui donnera sept enfants.

Sa renommée italienne ne peut laisser indifférents les archiducs Albert et Isabelle, qui règnent sur la Belgique avec le souci de faire de ce pays une place d'armes de l'orthodoxie, en face de la réforme protestante. Les très catholiques Albert et Isabelle vont s'employer à récupérer Wenceslas Cabergher. Ils lui allouent une pension annuelle de 1 500 florins quand il entre à leur service, au titre d'architecte et d'ingénieur. Cabergher continue à peindre, notamment une fameuse " Mise au Tombeau ", conservée au musée d'Art royal de Bruxelles, une œuvre qui enthousiasmera le célèbre peintre anglais Reynolds. Vers 1615, il stoppe pourtant Sa production picturale - des spécialistes affirment que Wenceslas ne supportait pas la concurrence d'un certain Rubens... Cabergher ne manque de toute façon pas d'activités. il construit de nombreux édifices civils au religieux; édite une étude d'économie, un traité sur la piété ; entreprend des recherches en chimie.

Avant d'en arriver aux réalisations qui l'ont rendu à jamais célèbre dans notre département : la création d'un vaste système de crédit, les " monts-de-piété". Et surtout l'assèchement des Moëres dont nous parlions plus haut. À ce propos, Si, du jour au lendemain on supprimait ces digues et canaux, les lacs ne manqueraient pas de revenir. L'entretien est donc de tous les instants, Cabergher en serait à coup sûr très fier.

Souce Voix du Nord

 

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JEANNE MAILLOTTE

terrasse les Hurlus

LES CONFLITS RELIGIEUX AU XVIe SIÈCLE

Dans les Pays-Bas espagnols de la fin du XVIe siècle, le torchon brûle entre catholiques et protestants. Une Lilloise de légende, cabaretière de son état, va sauver la ville des incursions calvinistes.

Nous sommes à Lille, un jour du mois de juillet 1582. Sur le site actuel de la place aux Bleuets se trouvent le faubourg de Courtrai, et le Château du même nom, bâti par Philippe le Bel dans les premières années du XIVe siècle. La journée passe tranquillement, les bonnes gens vaquent à leurs occupations dans la chaleur de cette journée d'été. Quand soudain...

- Pif ! paf ! pif ! Clac !, clic ! clac ! Boum ! Rrrran !

" Tue ! tue ! Pille là ! Allez, sans quartier Tue, sans-dieu ! Godverdom ! Ville gagnée ! "Un récit du XIXe siècle, dont le nom de l'auteur s'est perdu, raconte comment les Hurlus (des protestants) attaquent ce jour-là, et une nouvelle fois, Lille la catholique. " Ils barraient déjà la route de Menin, attaquant les portes des censes à grands coups de hache, boutant le feu aux chaumes, le gras de la bande tirant l'arquebuse de tous côtés, pour faire la panique. Les gens épouvantés sortaient de partout, des maisons, des jardins, de derrière les haies, et détalaient vers la poterne [ du château ], les hommes emportant leur saint-frusquin, les femmes traînant les mioches qui braillaient, le tout poursuivi de près par les soudards ou rejoint de loin par les arquebusades. "... Que faire, qu'opposer à ces " Hurlus " sanguinaires et très déterminés ? La légende rapporte qu'une femme, Jeanne Maillotte, maniant avec fougue une hallebarde, se rue au devant des envahisseurs. Jeanne Maillotte entraîne à sa suite les archers de la confrérie de Saint Sébastien, qui un temps se sont laissés surprendre par le coup de main, tout occupés qu'ils étaient à écluser leurs chopes à l'auberge " Le Jardin de l'Arc ". Jeanne travaille d'ailleurs dans cet établissement, sis également dans le faubourg de Courtrai.

Les femmes du quartier se mettent bientôt de la partie, elles jettent de la cendre aux yeux des agresseurs, forçant les assaillants à la retraite. Encore un échec pour eux. Lille, considérée déjà par Philippe II le roi d'Espagne comme Sa " bonne ville ", reste dans le parti catholique.

Si rien ne permet d'affirmer que Jeanne Maillotte a réellement existé, en revanche les menées des Hurlus à Lille, dans le but de la foire passer de leur côté, étaient nombreuses.

Plus généralement, le XVIe siècle n'est pas franchement celui de la concorde dans les Pays-Bas espagnols, déchirés par les conflits religieux. Dans les territoires septentrionaux, Hollande et Zélande, les " Gueux de la mer " ont pris le pouvoir, sous la bannière de Guillaume d'Orange. Au sud, et notamment à Lille, l'autorité espagnole résiste.

Cette confrontation religieuse, qui se double de rivalités politiques entre les grands en Europe, se règle à coups de massacres, de séances de tortures, de bannissements. On laisse aux " mauvais penseurs " la possibilité de renier leur foi, s'ils veulent sauver leur tête.

Un traité de paix signé à Arras en 1579 n'a pas les effets escomptés entre les belligérants. " Malgré la paix avec l'Espagne, les hostilités continuent contre les révoltés. Le danger s'aggrave même pour Lille lorsque les Ecossais reprennent Menin (...). A partir de cette ville, de Gand, de Tournai, les bandes calvinistes, les Hurlus, menacent sérieusement Lille et peuvent ravager le plat pays. "« Histoire de Lille », sous la direction de Louis Trenard.
Ed. Privat 1981

C'est dans ce contexte que trouve place l'épisode de Jeanne Maillotte, " héroïne lilloise "comme il est indiqué sur le socle de sa statueAvenue du Peuple Belge à Lille, érigée en 1936. Si Jeanne Maillotte est une héroïne de légende, elle symbolise en fait la résistance des lilloises qui, à toutes les époques, ont défendu leur ville en même temps que leur vie, contre les assaillants de tout poil. Le chansonnier Desrousseaux a rendu hommage à la farouche lilloise :

destins finissent toujours Enfin, suprême hasard, la mère du général De Gaulle se nommait, elle, Jeanne Maillot. Les grands par se rencontrer...

On conserve encore au bureau des hospices la lance de l’héroïne ainsi qu’un tableau où son fait d’armes est représenté. Cette peinture assez ancienne est le seul titre qui vienne appuyer la tradition populaire"

On y lit les vers suivants qui paraissent contemporains de l’évènement, et fait à l’usage des habitués du cabaret, peut-être par l’un d’eux.

Mille cinq cent ans deux y ajoutant huitante
Mois de juillet vingt neufvienne jour,
L’ennemi ravageant tout à l’entour,
Embrasait les faubourgs d’une flamme effroyante

A l’instant les archés d’une main vigilante,
Montrant virilement leur extrême devoir
Firent bondir leurs arcs puis fleches pleuvoir.
Sur l’heretique teste de la troupe nuisante.

Si bien qu’il fut contraint malgré leur hardiesse
Et ses vaillants efforts esbloui de frayeur
Qu’il apprestoit sur nous a son grand deshonneur,
De fuir larde de traits d’une agile vitesse.

Ainsi s’esvanouit la Canaille enragée
Soyons donc hardy comme confrères ons estés
Puisque par leur valeur la troupe des archés
A si bien repoussé la bande outrecuidée

Maillotte leur hotesse, en vrai amasonne
Creniant Dieu createur et hainat les Hurlus
Contre ces hérétiques va s’en courir sus
L’allebarde enfonstant au corps de leur personne.

 

Source le journal "Le Nord" du CGN