Personnages célèbres "L'Abbé Lemire et Léopold Simons"

L'ABBÉ LEMIRE

Le Personnage

Sa jeunesse et son professorat

Photographie P. Moffelein

Né le 23 avril 1853 à Vieux-Berquin, Jules Auguste LEMIRE est issu d’une famille d’agriculteurs.

Après l’école communale, il entre au collège Saint François à Hazebrouck, dont l’abbé Dehaene est le supérieur.

Il approfondit son éducation religieuse et sa vocation sacerdotale avec ce dernier, il lui consacrera d’ailleurs un livre.

Il obtient son baccalauréat en 1872 et entre au grand séminaire à Cambrai.

Ordonné prêtre en 1878, il devient professeur au collège Saint François d’Assise.

Il y enseigne le latin, le grec, la philosophie, la poésie.

Son action parlementaire

En 1893, il est élu député et sera réélu jusqu’en 1928.

Son œuvre, très vaste et très diverse, est cependant essentiellement sociale et familiale.

Il est en effet l’initiateur de trois grandes réformes :

La défense de la famille est également un de ses centres d’intérêt : il défend notamment, la petite propriété, demande que le salaire de l’ouvrier soit versé à l’usine et non au cabaret…

Ses démêlés avec l’autorité ecclésiastique

Partisan de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, homme politique aux prises de position tranchées, il est fréquemment rappelé à l’ordre.

En 1913, s’engage le procès de Cambrai. En 1914, il est suspendu par l’évêque de Lille : il ne peut plus ni dire les messes ni recevoir les sacrements.

En 1916, Benoît XV le relève de cette sanction.

Ses réalisations locales en tant que Maire

Elu en 1914, sa première préoccupation est l’administration de la ville pendant la guerre.

Resté sur place, il en organise l’évacuation en 1918. Suite au conflit, il s’active à la reconstruction.

Il est notamment à l’origine du Crédit immobilier et de la Société d’Habitation à bon marché pour la reconstruction des maisons individuelles, de la construction d’un nouvel hôpital et d’une maternité, de la création de la passerelle et du passage inférieur, de l’installation du gaz, de l’électricité, de l’eau…

Il convient de souligner qu’il a fondé la Ligue du Coin de Terre et du Foyer en 1896 ainsi que les très connus Jardins ouvriers familiaux.

Après une vie vouée à Dieu et à ses semblables, l’Abbé Lemire décède le 7 mars 1928.

L'association "mémoire de l'Abbé Lemire"

Parfois oubliée ou plus simplement méconnue, l’œuvre de l’Abbé mérite d’être diffusée plus largement.
Aussi, de création toute récente, l’association "Mémoire de l’Abbé Lemire" se donne pour ambition cette tâche et inscrit à l’article deux de ses statuts : "cette association a pour but de pérenniser le souvenir de l’Abbé Lemire, de son œuvre sur le plan communal, national et international par tous les moyens de communications"
Il s’agit là d’une vaste entreprise dont le support essentiel est la maison que l’Abbé a fait construire et a occupé.
Y sont reconstitués, avec le mobilier d’époque, son bureau d’Hazebrouck et son bureau de député à Paris.
Des expositions thématiques et des visites commentées y sont organisées (cf. renseignements pratiques).
Nous souhaitons que ces dernières vous soient des plus agréables et enrichissantes.

Siège social :

la Maison de l’Abbé
5, square de l’église Saint Eloi
[ Des visites commentées sont proposées chaque premier dimanche des mois d’avril à septembre de 14h à 17h ]
Pour tout renseignement, ou toute correspondance, vous pouvez vous adresser à :
Monsieur Gilbert Louchart
24, rue de Bailleul
59190 Hazebrouck
Tél : 03 28 41 84 67

Source Voix du Nord et
association "mémoire de l'Abbé Lemire"

 

SIMONS (Léopold)

Poète, comédien, peintre, Caricaturiste, homme de radio et de télévision... Ce Lillois fut le touche-à-tout le plus doué de tous les Ch'timis. Le regretté Léopold Simons aurait cent ans aujourd'hui même. Son sourire moqueur nous manque, son patois gouailleur aussi... « Mi, j'vis pour vivre c'est tout simple ! »

Né en 1901 à Lille. Dessinateur, peintre, sculpteur, graveur, afficheur et artiste. Dans la grande tradition des chansonniers, il a vite compris l'importance de l'audiovisuel et se met à écrire des textes pour la scène, la radio, le cinéma.

Il va lancer les premiers sketches de ses personnages, Alphonse, interprété par lui-même, et Zulma, jouée par Line DARIEL, à Radio-PTT Nord.

Pur lillois comme il aimait l'affirmer, il reste un "patoisant" toujours très apprécié.

QUAND je pense que je suis venu au monde tout nu, tout ce que j'ai c'est du bénéfice !...

Un père plombier zingueur. Une mère ouvrière textile. Une famille comme tant d'autres, dans les profondeurs populaires de Lille. Comment imaginer que « le p'tit pouchin, le gros rojin » né le 22 février 1901 chez les Simons sera capable, un jour, à lui tout seul, d'écrire une pièce, de la mettre en scène, d'en jouer le rôle principal, de dessiner les costumes, concevoir le décor, illustrer le programme et réaliser les affiches ?

Toutes les bonnes fées patoisantes des quartiers de Moulins et du Faubourg des Postes se sont penchées sur le berceau du tiot Léopold. Alors que sa mère tient le modeste café Au pt'it zouave, il entre à l'école de la République où il oublie le patois flamand familial pour apprendre le français. Monsieur Marc, l'instituteur, et Monsieur Le comte, le pharmacien, l'orientent vers les cours du soir de dessin... A la sortie de l'éco le primaire, son certificat en poche, Léopold se met à écrire des histoires qu'il illustre lui-même. Comme celle de ce pauvre « chien galeux » qui sauve les habitants d'une ferme attaquée par les terribles Peaux rouges. Pas une faute d'orthographe !

Fossoyeur

Quand vient la guerre, les temps sont durs. Alors, le jeune Simons peint des lettres ou des motifs décoratifs pour le cimetière. Il est même, à l'occasion, fossoyeur. Ça n'empêche pas la bonne humeur : en 1917, après avoir créé un théâtre de marionnettes, il se lance dans une féerie en quatre actes intitulée « La Fin de la guerre » . C'est que, de toutes ses forces, il veut « vivre sa vie » et « sucer le temps qui passe ! »

Après l'armistice, l'intenable jeune homme entre aux Beaux-Arts et fréquente la maison de l'étudiant. Il se frotte aux élites et devient même le délégué des étudiants lors d'un congrès à Anvers. Non content d'animer les spectacles de fin d'années, « Simons » est le pilier de leur revue. Embauché à l'Echo du Nord en 1921 pour 600 francs par mois, il se partage entre le tribunal, les matchs de boxe, les conseils municipaux ou le champ de courses, croquant magistrats et élus, artistes et hommes d'affaires. Dans les rues de Lille, son feutre à larges bords et sa tignasse blonde ne passent pas inaperçus l'homme qui habite une petite maison de la rue du Pôle-Nord , c'est le sourire de la cité.

Tournant décisif

Mais le tournant décisif a lieu en 1928, quand il crée pour Line Dariel, histoire de boucher un trou dans un spectacle, le fameux Poste à galène. C'est un triomphe pour la comédienne, et le début d'une fructueuse collaboration. Sur les planches, mais aussi à la radio et à la télévision, Alphonse et Zulma enchantent le public du Nord de leur carnaval de chamailleries.

Comment expliquer le formidable impact des émissions, des « Carottes sont cuites » au « Magazine des mineurs » , c'est-à-dire de 1930 à 1972 ? Le naturel rugueux de Léopold, la fantaisie vivace de Line, le côté fraternel et populaire des textes qui réduisent le patois à sa plus simple et plus directe expression : telles sont les clefs du succès. Les gens du Nord adorent !

Pour le comédien Jacques Bonnaffé, qui aujourd'hui a pris le relais, « doucement, le patois se fait popotte. Dans l'accent comme dans le piqué du caractère, on a mijoté ce qui se fait de mieux, assortissant ridicule et fierté, ralliant rudesse et bonté » .

Exceptionnelle jouvence

A cela, il faut ajouter le sens de l'observation et l'exceptionnelle jouvence d'un auteur qui ne se contente pas d'imaginer des centaines de sketches : il écrit des chansons, des pièces de théâtre, des romans ( Ziguomar coq de combat, L'Cat dins l'horloche, V'là l'tableau, La P'tite, Des minables...)... sans cesser de peindre et de dessiner !

Simons était un tantinet cabotin, mais il avait horreur de l'esbroufe. Sentant sa fin prochaine, en 1979, il réclame la discrétion et demande à son épouse d'envoyer à tous ses amis, aprè s son enterrement, un faire-part dans lequel il s'excuse de « ne pas avoir voulu les déranger ».

C'est alors qu'on s'aper\'e7oit qu'il était le plus universel des Lillois, bien au-dessus de Jules Mousseron, Jules Watteuw ou Desrousseaux... Retrouvera-t-on un jour un Nordiste aussi populaire et aussi doué ?

A Lille, au cabaret Petrouchka, Alphonse et Zulma sont toujours à l'affiche !

- Depuis une douzaine d'années, l'association Toudis Simons entretient avec ferveur la flamme du disparu. Basée à Lille (96, rue de la Madeleine), l'association vient d'éditer un coûteux mais très bel ouvrage (170 p, 650 F) sur la vie et l'œuvre du maître. Par ailleurs, elle a contribué à l'édition de cinq cassettes vidéo qui reprennent les émissions de Léopold Simons (130 ou 140 F>...

- Ce matin, le président Fernand Vincent et ses compagnons sont allés fleurir la tombe du Lillois. La veille, comme bien d'autres personnes attachées à la création dans notre région, c'est à Cyril Robichez qu'ils avaient rendu un dernier hommage... ( c'était le jeudi 22 février 2001 ).

Textes : Bruno VOUTERS; Voix du Nord et diverses origines