Le bocage (définition)

LE BOCAGE FLAMAND
LA HAIE D'HIER ET D'AUJOURD'HUI

Haie ancienne en Aubépine

Haie actuelle en Prunellier

Partie de haie ancienne en Aubépine

Partie de haie actuelle en Prunellier

Situé au sud de la bande côtière, c'est un ancien polder d'une vingtaine de kilomètres de large. On pénètre dans le Houtland "Pays au bois". Cette région légèrement vallonnée est vouée à la polyculture intensive où l'on trouve des cultures céréalières et betteravières alternant avec des cultures de légumes, de lin et de pommes de terre (ou le houblon, aux alentours de Bailleul et du Mont Noir).


La haie bocagère a plusieurs utilités :


Autrefois, l'élevage était présent dans chaque ferme où traditionnellement le tiers des terres étaient en pâtures permanentes. Chaque pâture était entourée d'une haie vive constituée d'aubépines. Dans certaines haies se mêlaient différentes espèces, tels que le prunellier, l'orme ou le frêne surtout, mais aussi l'érable champêtre, le fusain, le cornouiller sanguin et le noisetier. Ces haies étaient maintenues basses (1,2 - 1,4 m) près des fermes, le long des rues, étant taillées annuellement.

Les autres portions de haies étaient émondées (coupées) tous les 4 à 6 ans afin de récupérer du bois notamment le bois dur de l'aubépine pour faire de fagots pour la cuisson du pain.

Les haies étaient complétées d'arbres de haut jet destinés au bois d'œuvre. L'orme en premier lieu, mais aussi le chêne et le frêne. Dans les pâtures elles-mêmes, une ou plusieurs rangées de ces même variétés d'arbres étaient plantées, arbres soigneusement entretenus et abattus au bout de 100 à 200 ans.

Une mare était ainsi creusée dans chaque pâture, parfois 2 ou 3 selon la taille de la parcelle. Ces abreuvoirs pour le bétail asséchaient également le terrain.

Le pourtour des mares était planté d'arbres têtards, le saule essentiellement mais aussi parfois le frêne, le chêne et l'érable champêtre. Les parties basses des pâtures étaient aussi plantés de têtards. Tous étaient émondés tous les 7 à 10 ans. (Tableau reprenant les différentes essences répertoriées )

Les pâtures étaient dispersées sur tout le territoire mais les plus vastes entouraient les fermes, ce sont les pâtures manoires. Ces pâtures manoires étaient plantées au moins en partie de fruitiers en haute tige, pommiers, poiriers, noyers qui fournissaient un revenu d'appoint non négligeable. Ajoutons quelques beaux tilleuls ou marronniers à l'entrée de la ferme et l'on peut comprendre facilement la description de la région qu'un voyageur anglais donnait au XVIIIème siècle. Il écrivait alors « qu'on semblait toujours voir une forêt de haute futée tant les arbres étaient denses ».

Depuis le milieu du XXème siècle, ce bocage millénaire a régressé très rapidement au point de n'être plus aujourd'hui que résiduel. Nouvelles méthodes culturales avec des machines agricoles de plus en plus imposantes, remembrements, arrivée du TGV, disparition de l'élevage ont eu raison des haies, des arbres et des mares.

Depuis 10 ans, cependant des associations puis des collectivités publiques telles que le Conseil Général du Nord ont entrepris de sensibiliser les habitants à l'intérêt du bocage et d'inciter à la replantation. Le Conseil Général du Nord a mis en place des aides à l'entretien des haies, des aides à la replantation. Des associations locales telles le CARFO ou Yser Houck, communales telles que Buysscheure Bocage ou Bien Vivre à Oudezeele relaient le Conseil Général sur le terrain.

Yser Houck replante depuis 10 ans 3 à 5 kilomètres de haies chaque hiver (les communes qui s'étendent sur un millier d'hectares comptent de l'ordre de 20 kilomètres de haies anciennes).

L'impact de ces plantations n'est pas encore très visibles sur le terrain, on continue malheureusement à arracher des haies anciennes. L'impact psychologique est je pense beaucoup plus profond.

Alors qu'il y a 10 ans on n'imaginait pas que l'on puisse replanter des haies champêtres, aujourd'hui la grande majorité de la population est convaincue de l'intérêt du bocage. Les agriculteurs eux-mêmes pour une bonne part d'entre eux ont changé leur point de vue par rapport à la haie.

La preuve en a été faite à Buysscheure avec un partenariat élus, particuliers et agriculteurs. Beaucoup de parcelles privées ont été clôturées avec des haies en prunelliers ou végétaux mélangés amenant fleurs et fruits. La municipalité en a fait de même avec les parcelles qui lui appartiennent en les clôturant avec des prunelliers. Elle a même fait le pari de refaire une mare qui était appelée à disparaître et en plantant un verger sur un de ses côtés. Les agriculteurs se sont engagés à replanter des haies le long des pâtures, tout en sachant que l'élevage diminue d'année en année, ils ne garantissent pas de les garder à demeure.

On pourrait faire d'avantage en ayant une réelle politique de préservation des haies anciennes, des plans d'ensemble de plantations, en levant l'interdiction de planter de l'aubépine, en valorisant les déchets des coupes, en incorporant les haies dans les jachères, etc. .

Sans une volonté politique forte, Européenne, Française et locale, qui reste à créer, rien ne pourra évoluer dans le bon sens …

       
   
   

 

Yser Houck - La Mairie - 59470 VOLCKERINCKHOVE   (retour)

Buysscheure Bocage - La Mairie - 59285 BUYSSCHEURE   (retour)